Le commissariat de police c'est le centre névralgique de la ville. Fait de briques rouges, il semble particulièrement imposant et menaçant. Le shérif y est roi et, avec ses adjoints, il travaille au bon fonctionnement de Lewisburg avec détermination. La grande majorité des fois l'on y retrouve que des jeunes adolescents en cellules de dégrisement ou quelques cleptomanes qui ne représente pas de grand danger pour la société. Pourtant ces lieux restent inexorablement marqués par le drame qui s'est déroulé vingt ans plus tôt dans la petite ville de Louisiane. Une cicatrice qui parfois saigne encore.

La boutique est étroite et exiguë. L'on pourrait presque passer dans la rue sans l'apercevoir si ce n'est pas pour les nombreuses fleurs tropicales qui grimpent le long de sa façade. Cela lui donne presque un air espagnol exotique. Une pancarte blanche où y est inscrite le nom de la coquette boutique, des fenêtres aux volets aussi clairs que les nuages, le sol est de marbre et les murs en bois. Y entrer ravi les sens et rares sont les personnages qui réussissent à ne pas craquer devant les merveilleuses compositions qui y sont proposées. La propriétaire est d'ailleurs des plus charmantes.

La petite bâtisse sent bon les crayons en papier encore neufs et les pelures de gommes. Accolée à un gracieux parque elle offre un espace de jeux non négligeable pour les enfants à l'heure de la récréation. Néanmoins, les éclats de rires qui résonnaient dans les couloirs aux couleurs pastels sont parfois encore couverts par la déflagration douloureuse dont elle fut victime. Près de la classe bleue, l'une des premières dans le couloir principale, un portrait de Miss Fletcher et sa classe est accrochée au-dessus du tableau. Mélancolique souvenir de cette terrible journée. Si nous sommes attentifs, nous pouvons toujours percevoir les derniers souffles des enfants perdus ce jour-là, telle la brume qui caresse le creux des vallées avant de disparaître aux premières lueurs du jour. Un douloureux vide.

Le collège et le lycée sont regroupés dans les mêmes bâtiments pour gagner de la place. Le premier étage est destiné aux étudiants les plus jeunes et plus l'on grandit, plus l'on va devoir monter haut. Clin d'oeil savamment préparé par le directeur de l'établissement, plutôt fier de sa métaphore. Il y a de cela deux ans les lieux ont été refaits à neuf, du sol au plafond, de la salle des professeurs à la cour extérieure. Aujourd'hui très moderne, de métal et de vitre, le bâtiment dénote face à la vétusté de ses voisins.

L'université est certainement la plus petite de tout l'Etat. Nous y retrouverons uniquement les facultés les plus importantes, pourtant, elle évite à bien des jeunes de déménager vers d'autres horizons pour continuer leurs études. Ce qui, lorsque nous ne sommes pas l'heureux possesseur d'une bourse, ce n'est pas négligeable. Le doyen est sans l'ombre d'un doute la plus exécrable personnalité de la ville néanmoins, mieux vaut ne pas aller contre ses idées si l'on souhaite se tenir loin des ennuis. Très diversifié, le campus permet de faire des rencontres éclectiques et enrichissantes - ce qui est rafraîchissant dans la bourgade surtout lorsqu'on a vingt ans.

Lorsque sonne seize heures de l'après-midi, les portes des salles obscures s'ouvrent. Le cinéma de la jolie bourgade n'est pas particulièrement fréquenté, la plupart des habitants préfèrent l'humeur plus joviale des rues, les airs de jazz et démonstrations de claquettes au bord des rives. Pourtant, ne vous laissez pas berné par cet air pittoresque, il est certainement le premier à diffuser les nouveautés et offre le meilleur pop-corn qu'il est possible de trouver. L'intimité qu'offrent les salles seront du plus bel effet lors de vos soirées en amoureux.

La place est entourée de trois lampadaires savamment décorés de fer forgé. Parfois en hiver, une vieille dame vend de la soupe près d'un banc sous le grand chêne au milieu de cette dernière. La plus succulente soupe de poisson de la ville d'ailleurs. L'on retrouve quatre coquettes boutiques qui bordent la place, des vêtements, principalement de grande distribution, des chaussures ou encore de maquillage. Une petite pharmacie dans le coin est ouverte même de nuit et lors des urgences, un médecin de garde s'y trouve pour le confort des citoyens.

Les lumières sont tamisées, la musique cogne à vos oreilles dès que vous passez près de l'entrée. La première chose qui vous frappe c'est l'odeur douceâtre de l'alcool et la cigarette. Le comptoir du bar est en chêne, usé par le temps, sa couleur est plutôt sombre. Dans un coin de la pièce une estrade a été mise en place. Chaque soir un groupe différent vient faire des représentations. Des groupes de Jazz ou Blues principalement. C'est le charme de la Louisiane qui s'opère dans ses murs, c'est un sentiment qui vous donne envie de vous évader pour le reste de la nuit, noyer vos chagrins. Vivre jusqu'à demain et encore plus loin.

La clinique est modeste mais, merveilleusement bien équipée. Les quelques infirmières qui y travaillent sont efficaces et font un travail titanesque. Les urgences sont comme partout, quasiment toujours bondés mais, fort heureusement les cas qui s'y présentent sont majoritairement bénins et faciles à résoudre. Pour les opérations plus lourdes, on envoie les patients dans une ville voisine mieux préparée. Néanmoins, l'hôpital possède un service de traumatologie. Au sous-sol l'on retrouve le parking des ambulanciers, membre que l'on oublie souvent et qui pourtant sont primordiaux pour le bon fonctionnement de la clinique.

Wayland Street est une rue résidentielle au cœur du centre-ville. La diversité de ses logements convient aussi bien aux familles qu'aux gens seuls, tant qu'ils disposent de salaires confortables. La plupart des bâtisses ont été construites par les touristes qui ont décidé de venir s'installer à Lewisburg et détonnent avec le reste de la ville. Les autochtones pure souche ont tendance à trouver ces maisons déplaisantes, mais les gens ont globalement fini par s'y habituer. Agréables à vivre, elles ont une proximité non négligeable avec les services proposés par la ville, ce qui en fait un quartier prisé.